Oumou Sangaré

La diva malienne au festival des Escales/

Nous avons eu sept minutes pour découvrir cette immense artiste malienne en escale à Saint-Nazaire. À cinq ans elle monte sur scène pour la première fois, sa mère très connue au Mali la pousse à continuer dans la musique. À seize ans elle quitte le Mali et part en tournée en Europe, le succès est immédiat, avec son style traditionnel et envoûtant. Mais Oumou Sangaré est aussi une femme engagée dans son pays. Elle lutte pour une meilleure considération des femmes et le développement de son pays. Elle m’accueille à bras ouvert, avec une prestance de dingue, malgré une fatigue due à ses nombreux concerts dans le monde.

Oumou Sangaré

Votre mère était chanteuse que vous a-t-elle transmit comme valeur ou comme référence musicale ?

Moi, ma mère était chanteuse mais elle n’était professionnelle même si elle chantait bien, mais ma grand-mère était professionnelle. Ma mère ma transmis l’authenticité, la tradition de Wassoulou (une région du sud du Mali) .

Naturellement votre musique s’inspire de la tradition malienne mais pouvez nous parler de vos inspirations musicales ?

Ce qui m’inspire c’est la souffrance, l’injustice. C’est plus fort que moi, quand je vois une femme, un enfant qui souffre, ca me donne envie de le crier, de le crier au monde.

À seize ans vous avez quitté le Mali pour partir en tournée en Europe avec le groupe Djoliba percussion. Qu’est ce qui vous a le plus marqué durant votre première tournée ?

En Allemagne, au Pays Bas, partout ! À la fin de chaque spectacle le public me réclamait et les organisateurs étaient obligé de me refaire chanter. Cela ma rassuré, j’ai pris confiance. J’étais la plus aimé des chanteuses, j’étais la perle.

Dans vos musiques et dans le monde vous êtes engagé pour la cause féminine, d’où vient votre engagement ?

Je pense que ça dépend de ce que j’ai vécu : mon père a abandonné ma mère quand j’avais deux ans, elle avait six enfants et au Mali on n’avait pas d’aide sociale, ma mère a du se débrouiller. On s’est battu, j’aidais ma mère en chantant. Au début je chantais dans la rue et il pleuvait des billets, j’ai pu aider ma mère et j’économisais avec le rêve d’acheter une villa. Puis j’ai été invitée aux mariages pour chanter et si je venais pas les gens annulaient le mariage et me demandaient quand est ce que j’étais libre ? C’était fou !
Puis un producteur est venu me demander de signer pour un album. J’ai dit non, j’étais bien et je ne voulais pas plus. Pour me convaincre le producteur est venu en voiture et m’a dit : si tu signes pour un premier album je t’offre la voiture. Alors j’ai accepté.

Quel duo rêverez-vous de faire ?

Je suis fatiguée, je suis vielle maintenant… (rires) J’ai déjà chanté avec une américaine Alicia Keys, j’aimerais bien chanter avec un français, par ce que ça je ne l’ai jamais fait.

Colin Naffrechoux, Photo : Benoit Peverelli