Le saxophone c’est sexy ! /
C’est dans caravane en guise de loge que nous avons rencontré Manu Dibango, pour une interview partagée avec la radio la tribu. Emmanuel B’joké Dibango, 85 ans, Camerounais, est un saxophoniste virtuose avec une prestigieuse carrière derrière lui. Tellement charismatique mais cool, cet artiste ne saurait se séparer de son instrument, le considérant comme sa voix.
Vous prenez combien de temps pour créer vos morceaux ?
Je n’ai pas de délai. Pour créer un disque on prend notre temps. Au contraire de la pub qui est un challenge pour l’artiste qui doit résumer un morceau en 30 secondes.
Vous avez participé à quelles pubs ?
Beaucoup ! Pour des voitures, un rasoir, de la bière. J’ai participé à beaucoup de pubs en Afrique. A partir du moment où on est connu on devient un homme sandwich ! Le but est de reconnaître un produit à travers le son.
Avec cette riche carrière, vous étiez au premier plan pour suivre l’évolution de la musique africaine, quel regard vous portez sur la musique africaine actuelle ?
Alors d’abord, il n’y pas « une musique » africaine mais « les musiques africaines » car, il y a plusieurs Afriques. L’Afrique c’est un continent pas un pays. Moi je suis d’abord camerounais, ensuite je suis africain. Donc les musiques africaines dépendent des pays, c’est pas en même temps.
Comment avez-vous commencé le saxophone ?
J’en voyais dans des magasins. Mais tu né musicien ou tu deviens musicien ? C’est une question qu’on peut se poser. Moi je suis né musicien. Je viens d’une famille protestante et j’ai commencé par la chorale. La musique tu aimes ça, comme tu aimes le football par exemple. Un instrument est sexy ou pas, j’ai trouvé que le saxophone était sexy !
En septembre 2018, vous signez la tribune contre le réchauffement climatique intitulé « Le plus grand défi de l’histoire de l’humanité », parue en une du journal Le Monde. Votre avis sur les actions menées par les jeunes dans la lutte écologique ?
Tout le monde est impliqué, mais c’est bien que les jeunes se sensibilisent. Nous venons de vivre une chaleur exceptionnelle que nous n’avions pas vécue depuis 2001. Je suis allé au Cameroun l’année dernière, il y a eu de la neige pour la première fois. Certains ne savaient même pas ce que c’était. C’est la preuve d’un dérèglement, non ? Se poser des questions à tout les âges, c’est bien. Un jeune est pris par moins de problèmes. C’est bien que vous soyez conscient avant d’être empêtrés dans les problèmes du quotidien. A notre époque nous n’en avions pas conscience. L’hiver 1954, avec L’abbé Pierre, c’est la première fois où on a été sensibilisés. Je me souviens encore de lui avec sa barbe à la télévision. On découvrait la misère, c’était d’ailleurs la même époque que la guerre d’Algérie…
Si vous n’alliez voir qu’un seul artiste sur le festival lequel ce serait ?
Je ne sais pas, je viens tout juste d’un autre festival, je n’ai pas regardé la programmation. Charlotte Gainsbourg peut-être, parce que j’ai joué avec son père. Je la connais du cinéma mais je ne l’ai jamais entendu en live, alors oui, je vais aller voir Charlotte.