Ici c’est cool

Les festivals dans la lutte sur la place des femmes, mais pas que… /

ici c'est cool

C’est dans un contexte inédit que nous sommes en train d’appréhender la saison estivale. Les certitudes sur le maintien des festivals sont inconnues. Mais on s’imagine déjà enchaîner nos plus beaux pas de danse, un verre à la main. Cependant, c’est au sein d’événements musicaux que des comportements abusifs peuvent apparaître. Le pôle de musiques actuelles des Pays de Loire s’est penché sur la question des violences faites aux femmes. Et a créé le label Ici C’est Cool. Interview confinée (téléphonique) avec Samuel De Boüard, responsable communication du festival les Escales.

Les festivals et événements musicaux rassemblent beaucoup de personnes venant d’univers variés ce qui amène parfois à des confrontations et violences. Les directeurs du festival Les Escales et du pôle musiques actuelles ont demandé à leurs équipes de réfléchir à un projet autour des questions de tolérance, de respect, d’acceptation et sur des problématiques des agressions sexuelles sexistes. Un collectif de festivals de l’ensemble du territoire des Pays de la Loire a également rejoint le projet. Des rencontres avec un groupe dont c’est le sujet en permanence, L’ESS inspirantes, a permis de les éclairer sur la condition féminine et sur les agressions sexuelles. Le label Ici C’est Cool est alors né.

C’est sur une campagne de communication déclinée pour toutes les salles de spectacles et festivals, que le travail a débuté. Samuel De Boüard explique que la volonté première n’était pas de faire une campagne trop institutionnalisée, mais plutôt d’adopter un discours frontal, franc et direct. Il a été important de réutiliser les mots que nous entendons dans les insultes qui affaiblissent psychologiquement.

Parce qu’il était primordial de rappeler que “non, c’est non”, l’axe premier a été sur la place des femmes. Cependant plusieurs sujets, insultes, faits en lien avec le non-respect sont présents. Un travail sur les mots qui font mal qui touche également à la transphobie, l’homophobie, le racisme… Le but étant de véhiculer l’ouverture au monde, la diversité.

Une campagne franche et percutante : sur certaines affiches est écrit en gros “grosse pute”, “gros pédé”, “sale nègre”, “sale gouine”. Des corps de femmes et d’hommes, aux insultes inscrites partout sur leur peau, sont au cœur d’autres affiches. Le slogan « Ne laissons pas la violence pourrir l’ambiance » y est également inscrit. En 2019, Les 3 éléphants, Les Z’eclectique, La nuit de l’Erdre, Les Escales ont déployé cette communication sur leurs festivals.

Mais il y a eu un véritable souhait de former tous les personnels qui encadrent les festivals pour agir concrètement si quelqu’un se retrouve face à une victime de violence. Les équipes des festivals cherchent à être concrètement actives avec l’aide de la croix rouge et des agents de sécurité.

Les faits de société peuvent être utilisés pour redorer une image et avoir une vocation marketing. Mais Samuel De Boüard précise clairement “Nous n’avons rien à gagner là-dedans, il n’y a rien à vendre derrière”.

En milieu festif, il y a des boissons alcoolisées, de la drogue, les gens se lâchent, les limites disparaissent, tout est permis. Il est donc essentiel de rappeler les règles. L’intention est de sensibiliser le plus de jeunes pour qu’ils aient un autre regard. La musique est importante pour rappeler ce qu’est de vivre ensemble et l’intérêt de passer par le respect. Ce n’est pas parce que le moment est cool, que le plaisir de certains doit diminuer celui des autres.

Le message doit être intemporel et s’adapter aussi bien à un festival qu’à une salle de concert.

Texte : Jeanne Lagoutte-Galiana