Grève mondiale pour le climat

Ton Black Friday, tu sais où tu te le mets !/

Le 29 novembre 2019, les lycéens de Saint-Nazaire sont sortis dans la rue, jour de quatrième grève mondiale pour le climat. Cette date, n’était pas choisie par hasard. En effet, au même moment se déroulait le premier jour du Black Friday. 250 manifestants se sont réunis pour faire entendre leurs oppositions face à ce Black Friday, qu’ils considère comme un abus de la consommation.

Dans le monde entier, des manifestations ont été organisées par le mouvement “Youth For Climate”, en réponse à l’appel de Greta Thunberg. C’est d’ailleurs, cette dernière qui a lancé ce mouvement début Janvier 2019, cinq mois après le début de sa protestation face au parlement suédois. À travers le monde entier, des jeunes concernés par les questions climatiques l’ont rejoint. À Saint-Nazaire, douze jeunes se sont engagés dans ce mouvement, poussés par leur volonté de voir changer les choses : Cassandra, Solenne, Raphaël, Loïc, Dylan, Hadrien, Simon, Armand, Charles, Yaëlle, Baptiste et Jeanne. Pour Loïc, « Youth For Climate est une super illustration de la capacité des jeunes à se bouger pour une cause qui leur est chère ». Au sein du mouvement, c’est l’inaction politique qui est la plus montrée du doigt. « J’accuse notre gouvernement de crime passif contre l’humanité en ne faisant rien contre le réchauffement climatique », raconte Hadrien. Raphaël explique cette colère portée aux gouvernements « Macron qui dit “j’ai changé” en parlant de sa politique écologique… on ne le voit pas trop le changement… Hollande qui fait signer les accords de Paris qui ne sont même pas respectés. Il faut savoir qu’en 2017 (deux ans après la COP 21) la France a augmenté le taux de gaz à effet de serre de 3% ».
Il poursuit « les jeunes ont un rôle à jouer mais pas que, peu importe l’âge des gens, on a tous un rôle à jouer pour éviter la surconsommation et donc la destruction de la planète ». L’urgence de la situation qui est décrite, se fait ressentir dans les prises de positions sur les actions à mener. Celle de Cassandra en est la preuve « Je pense que le mouvement mondial devrait passer à autre chose car, pour moi c’est maintenant ou jamais parce qu’il sera bientôt trop tard. Si on fait des actions plus « provocatrices » on nous remarquera plus, et on aura pour moi plus de changements ».

LA MANIF

13h30 au lycée Aristide-Briand. Un petit groupe commence à se former devant le portail. L’inquiétude justifiée des organisateurs commence à se faire ressentir. Les lycéens vont-ils venir ? Certains n’ont pas hésité une seule seconde à l’annonce de la marche. D’autres hésitent encore. Peut-être par crainte, ou par manque d’assurance dans les questions écologiques. Un groupe plus solide prend tout de même forme. La banderole qui se tiendra à l’avant du cortège “On peut tout acheter sauf une deuxième terre”, est décrochée du portail. Des pancartes commencent à être agitées en l’air. Il est l’heure de démarrer la marche, direction le Ruban Bleu. La sono est mise en route. Des slogans naissent par des voies engagées qui raisonnent au sein du cortège. Un premier arrêt est effectué devant le magasin le “Pas Que Beau”. C’est avec ferveur que les manifestants l’ont acclamé. Pour cause, ce dernier s’opposait dignement au Black Friday. Le cortège s’est ensuite dirigé au niveau du Dragon, où Océane a pris la parole. Habituée à écrire avec engagement sur des faits de sociétés, elle livre des paroles accusatrices face à cette société de consommation. D’un pas plus rapide, la marche s’est ensuite rendue au Ruban bleu. Lieu assez significatif, lié aux revendications contre le Black Friday. C’est au milieu d’une foule de slogans et de cris qui retentissent au sein du centre commercial, que Solenne, Hadrien et Jeanne ont pris la parole pour dénoncer le système. Ils nous expliquent que leur but était de montrer que le consommateur a une part de responsabilité, mais que le système, qui nous pousse à consommer, est le principal acteur qui doit changer. Solenne confie qu’elle a ressenti “beaucoup de joie et de nervosité en même temps”. Dans la continuité d’une ambiance révoltée, s’est ensuite mise en place une chaîne humaine de 250 manifestants, tous là pour la même raison : montrer leur opposition à cette journée “d’incitation à la surconsommation”. À l’intérieur de la structure commerciale, raisonnait “Ton Black Friday, tu sais où tu te le mets !”. Parallèlement, on constate que les passants, venus profiter de cette journée de réductions, faisaient plutôt profil bas.
Puis l’ensemble des manifestants se sont assis sur le sol Ruban Bleu, en continuant de scander des slogans.

Raphaël : « Mon ressenti ? Du soulagement. Lorsque l’on organise un évènement comme celui-ci, il y a toujours beaucoup de stress… Nous sommes en novembre, le temps pouvait être un problème, mais on a eu de la chance, il a fait beau ! J’espérais qu’on ait plus de monde, mais c’est pas grave, il y avait beaucoup d’ambiance. Là, on peut le dire, on était vraiment plus chaud que le climat ! Les gens étaient super motivés lorsqu’on leur proposait quelque chose, donc c’était cool. J’ai aussi trouvé ça émouvant au Ruban Bleu lorsque Solenne, Hadrien et Jeanne n’arrivaient même pas à lire leur discours, puisque tout le monde criait un slogan. »
Alors que la fin de la marche sonne, nous rencontrons Adélie. Venue en tant que manifestante, elle ne s’est pas arrêtée là et a choisi d’apporter son aide pour la préparation de la soupe solidaire qui se tient le soir même. Elle nous dit « J’ai trouvé le geste super intéressant et je trouve ça génial que des jeunes se bougent et prennent du temps pour ce genre de chose. Je trouve que c’est un moment de partage qui réunit les gens et qui ne peut qu’apporter de belles choses et où l’on peut faire de belles rencontres  ».
À 19 heures, les membres de Youth For Climate, accompagnés d’autres jeunes, accéléraient le rythme dans la cuisine de la salle de la maison de quartier de Kerlédé, pour finir la préparation de la soupe solidaire. Cassandra : « Puisque je n’étais pas trop d’accord pour faire une marche, parce que je trouve que ça sert plus à grand chose maintenant. Je voulais qu’on puisse partager, présenter ce qu’on fait pour peut être convaincre d’autres personnes ». Pour Loïc « la soupe solidaire était peu compliquée à organiser, avec un peu de volonté et l’aide de la maison de quartier et d’Escalado ça s’est fait tout seul. Je suis assez fier du résultat même s’ il y a toujours des choses à améliorer ». Il est 21h30, quand les membres de Youth For Climate se dispersent sur le parking de la maison de quartier de Kerlédé, sans pouvoir avoir la certitude d’avoir contribué à changer les choses, mais avec le sentiment d’avoir fait du bruit pour essayer de se faire entendre.

Texte et photos : Jeanne Lagoutte-Galiana