La justice et l’éloquence partie 2

Les lycéens ont carte blanche/

Une bonne plaidoirie doit-elle faire oublier le crime ?

Extrait de la plaidoirie de Léon Delahaye, Baptiste Tesson, Freddy Ferrand, Eliezer Magalhaes Ferreira Junior

Personnage défendu : Phèdre
« Est-ce qu’une personne peut affirmer avoir déjà contrôlé ses sentiments ? […] Il est clair que Phèdre est coupable. Elle est coupable d’aimer ! […] Vous ne pensez pas que c’est déjà beaucoup d’être condamné avec le sentiment d’être mort ? ».

Le commentaire d’Elias Pereon et Déborah Montcoiffet :
Une bonne plaidoirie ne doit pas occulter l’horreur du crime car ce serait faire obstacle à la justice. Rendre justice, c’est trouver la peine qui convient. Une décision juste est donc une décision équilibrée. C’est pourquoi il est nécessaire qu’un avocat vienne présenter la situation particulière du prévenu, afin qu’elle soit prise en compte au cours de son procès.
Ce passage de la plaidoirie pour Phèdre invite chacun à se mettre à la place de Phèdre : aurions-nous réussi à garder le contrôle de nos sentiments ? Nos sentiments ne sont-ils pas une part de ce qui nous humanise ? Cela peut amener le juge à adoucir son jugement au moment de la décision finale.

Une plaidoirie doit-elle être plaisante ?

Extrait de la plaidoirie de Loona Repesse, Justine Trimaud, Jeanne Quelais, Maia Le Mouzer

Personnage défendu : Œdipe
« Alors, certes son casier judiciaire ne plaide pas en sa faveur. Certes les faits qui lui sont reprochés sont grave. Certes, ils ont des conséquences sérieuses pour la vie d’autrui. Mais sachez que l’on ne peut bien saisir la personnalité d’Œdipe si on ne se penche pas sur le drame qu’il a vécu. »

Le commentaire de Damien BRIAL et Florentin DELACOUR :
Inutile de plaider si on ne capte pas l’attention de l’auditoire. Cicéron définissait ainsi les devoirs de l’orateur : il doit « plaire, émouvoir, convaincre ». Les qualités esthétiques sont une part essentielle de l’éloquence.
Dans cet extrait, la répétition du « certes » est plaisante à l’oreille car elle sonne comme un refrain, en martelant un mot, elle donne du rythme. Cette figure de style, appelée anaphore, vise à frapper l’esprit de l’auditeur.
La répétition pouvant vite devenir ennuyeuse, le « Mais » de la dernière phrase vient heureusement relancer le plaisir de l’oreille, en marquant une rupture. Mais il n’a pas seulement une fonction esthétique, il invite aussi à prendre du recul : exercer son jugement, suppose de s’astreindre à dépasser nos premières certitudes.