La justice et l’éloquence partie 4

Les lycéens ont carte blanche/

Pour convaincre, l’avocat doit-il avant tout émouvoir ?

Extrait de la plaidoirie de Anna Lacut, Sihem Mahour, Oanel Collas, Enora Le Gac

Personnage défendu : Médée
« Jason avait dit l’aimer. Mais il est parti, pour donner cet amour à une autre. […] Médée est une femme, victime d’un arrachement sentimental qui l’a menée à la folie pure. […] Qu’auriez-vous fait en proie à la même douleur ? […] Comment pouvez-vous être sûr que la solitude des barreaux n’achèvera pas de rendre folle Médée ? »

Le commentaire de Capucine LADOUX, Anthynea LEBOSSÉ, Alicia LE GOFF :
Dans une plaidoirie, l’avocat ne doit pas avant tout émouvoir. Il doit avant tout faire réfléchir, par ses arguments. On ne réfléchit pas quand on est pris dans l’émotion. Alors qu’argumenter, c’est s’adresser à la raison de celui qui nous écoute.
Mais pour autant, l’avocat doit faire sentir au juge que pour arrêter sa décision, il devra tenir compte du rôle des émotions. Ici, le plaideur rappelle la passion qui a emporté la raison de Médée au moment de son geste fatal. Il invite aussi à tenir compte du fait que l’abîme de solitude à laquelle on s’apprête à la condamner en l’emprisonnant est déjà en soi une punition.

Plaider, n’est-ce pas inviter à considérer la personne humaine par-delà son crime ?

Extrait de la plaidoirie de Déborah Moncoiffet, Elias Pereon, Inès Boudaoud-Doudard, Perrine Jousse

Personnage défendu : Œdipe
« Ce n’est pas parce qu’Œdipe a commis un crime que cela fait de lui un monstre qu’on pourrait accuser de tous les maux de son époque et dont il faudrait se débarrasser absolument. »

Le commentaire de Lucie Noël et Jade Denechere
Plaider, c’est inviter à considérer la personne par-delà son crime, à tenir compte de toutes les dimensions de son existence – ses relations, ses compétences, ses attachements – qui la raccrochent à la communauté humaine.
Personne ne se lève un matin en disant qu’il souhaite être criminel comme un enfant se réveille un jour en désirant être pompier. Le crime est en partie le fruit d’un engrenage, qu’il faut comprendre sans déresponsabiliser le criminel.
Tout humain commet des fautes. Et à l’origine de la faute, il y a souvent des erreurs de jugement. « L’erreur est humaine », dit-on. Le criminel est d’abord celui qui commet un acte sans avoir suffisamment imaginé les conséquences. L’avocat qui le défendra devra explorer les raisons de son erreur.