La justice et l’éloquence partie 3

Les lycéens ont carte blanche/

Plaider, est-ce un art théâtral ?

Extrait de la plaidoirie de Jenusha Pradeepan, Aelwen Briand, Jade Carre, Lily Guegnard

Personnage défendu : Médée
« Vous ne connaissez de cette femme que ce qu’un trou de serrure vous a laissé entrevoir ! […] Les faits sont là, Médée est victime de crimes sournois perpétués par des hommes vils qui ont usé de sa crédulité ! […] Je le dis haut et fort, Médée n’est pas seulement sur le banc des accusés mais aussi sur celui des victimes ! ».

Le commentaire de Margaux Delcourt, Ekhi Arteaud-Orquin et Manon Le Clere :
Plaider est en partie un art théâtral. L’avocat doit faire exister son auditoire, comme un comédien doit prendre en compte le public, en s’adressant directement au juge, comme ici : « Vous ne connaissez de cette femme… ».
Comme un auteur de théâtre, l’avocat peut convoquer des images. Ici, l’injustice est représentée comme une ombre qui a poursuivie Médée toute sa vie. L’image de l’ombre évoque des sensations précises de froid, de noirceur. Une plaidoirie peut être prononcée sur un ton emphatique, afin de susciter une émotion propre à élargir le regard de l’auditoire sur la situation du prévenu : « Je le dis haut et fort… ».
Mais la différence essentielle avec l’art théâtral, c’est que dans un prétoire, il ne s’agit pas de fiction, c’est la vie d’une personne réelle qui est en jeu.

Plaider avec éloquence, est-ce manipuler ou bien faire réfléchir ?

Extrait de la plaidoirie de Yaëlle Troadec (1G03), Sarah Delestre (1G04), Malou Salaun-Blecon

Personnage défendu : Médée
« Vous l’accusez, mais qu’en est-il de l’homme qui l’a manipulée, de l’homme à cause de qui elle a accompli ces actes et qui l’a remerciée en la trahissant ? Parce que si Médée est coupable, alors nous accusons Jason de l’être tout autant. »

Le commentaire de Justine Trimaud, Jeanne Quelais, Maïa Le mouzer, Loona Repessé :
L’éloquence est l’art de captiver un public qui nous écoute. Cet art peut être utilisé à des fins de séduction ou de manipulation, pour s’emparer de l’esprit des auditeurs dans toutes sortes de situations.
Si bien entendu, il est légitime qu’un avocat plaide avec éloquence pour avoir un effet sur le juge, ce ne doit pas être pour le manipuler, mais pour l’inciter à prendre en compte certaines dimensions d’une affaire, sur laquelle on pourrait passer trop vite. L’avocat ne peut pas chercher à extorquer une décision au juge. Même si elle utilise des questions rhétoriques ou des figures de styles, une plaidoirie doit avant tout amener l’auditoire à comprendre la situation du prévenu. Plaider, c’est pointer ce qui mérite réflexion avec éloquence.